MARCHÉ À TERME DE MARCHANDISES

MARCHÉ À TERME DE MARCHANDISES
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MARCHÉ À TERME DE MARCHANDISES

Les marchés à terme de marchandises sont des institutions financières qui permettent d’acheter et de vendre non pas des marchandises, mais des contrats, les transactions se dénouant par une livraison de produits physiques. Ils remplissent une fonction économique importante: celle de permettre aux entrepreneurs, aux producteurs et aux négociants de se protéger contre les risques de prix. L’origine des transactions sur les marchés à terme est à rechercher dans ces contrats par lesquels un acheteur et un vendeur s’engagent, pour un prix débattu au moment de la négociation, à acheter et vendre des marchandises qui seront livrées ultérieurement. Dès le XVIe siècle, les marchands hollandais réalisaient des contrats prévoyant de livrer le produit de leurs voyages avant que le transport en soit effectif. Le but était de financer leurs opérations et d’obtenir un prix supérieur à celui qui pouvait être espéré par la vente des marchandises à l’arrivée du navire. Cette pratique est bien établie en 1840 sur les marchés des céréales de Chicago. Il est rapidement devenu nécessaire de codifier ces contrats et de les uniformiser, d’autant plus que se développaient les premières opérations de couverture. À cette époque, les métaux non ferreux mettaient plusieurs mois avant d’être livrés à leur destinataire. Pendant ce temps, les variations de prix pouvaient bouleverser les prévisions des chefs d’entreprise.

C’est à partir des transactions avec livraison différée que se sont développés les premiers marchés à terme réglementés, dénommés en anglais future markets . Les premières véritables négociations à terme sont apparues à Chicago aux alentours de 1865.

La grande différence avec les marchés au comptant est que sur les marchés à terme un opérateur achète ou vend des contrats sans nécessairement posséder la matière première qui leur sert de support.

La raison d’être des marchés à terme est d’offrir aux producteurs et aux négociants une protection contre les risques de prix qu’ils sont contraints de prendre de par leur activité, et pour lesquels ils ne peuvent conclure de contrats d’assurance traditionnels.

Dans une économie de marché, le risque de prix doit être supporté par les spéculateurs ou les entrepreneurs. La première fonction des marchés à terme est d’assurer le transfert de ce risque de ceux qui ne veulent pas l’assumer, les entreprises, vers ceux qui acceptent de le supporter, les spéculateurs. Ce transfert s’effectue par l’intermédiaire d’achats et de ventes de contrats. Pour ce faire, l’entreprise réalise sur le marché à terme une opération inverse de celle effectuée sur le marché des produits physiques. Quand elle achète des marchandises, elle vend des contrats à terme. Lorsqu’elle utilise ou vend ultérieurement les produits physiques, elle rachète des contrats à terme. Dans ces conditions, toute baisse des prix sur les produits physiques est contrebalancée par un gain sur le marché des contrats à terme. La différence représente le prix de la couverture. Cette opération est utilisée dans les mêmes conditions quand l’entreprise vend des marchandises qu’elle ne détient pas en stock mais qu’elle doit se procurer pour l’époque de la livraison. Elle se protège contre une hausse des prix par un achat de contrats à terme qui seront revendus lors de la livraison des produits physiques. Les premiers utilisateurs de ces marchés sont, bien évidemment, les grandes sociétés de négoce: ils constituent un indispensable outil de gestion sans lequel elles ne pourraient survivre, compte tenu des fluctuations des matières premières négociées et de la faiblesse de leur marge bénéficiaire.

Les producteurs industriels et les transformateurs constituent la deuxième catégorie d’intervenants. Il faut bien comprendre que les spéculateurs sont indispensables au fonctionnement de ces marchés. Ce sont eux en effet qui se porteront le plus souvent contrepartie des opérateurs qui veulent se couvrir et qui donneront au marché la liquidité qui lui est si essentielle.

Le développement — considérable — des marchés à terme s’explique à la fois par la meilleure gestion des stocks au niveau de l’entreprise comme du marché qu’ils assurent, mais aussi par la rentabilité qu’y dégagent les opérations de spéculation pour les investisseurs: l’effet de levier amplifie par vingt ou trente les variations de prix, et les marchés à terme de marchandises sont l’un des derniers endroits où l’on peut faire fortune avec peu de capital. Ce désir de plus-values considérables a pu conduire les spéculateurs à commettre des erreurs de jugement et à prendre des risques sur des marchés qui réclament beaucoup d’expérience. Ainsi le marché du sucre blanc a connu des difficultés à Paris en 1974, comme celui des pommes de terre au New York Mercantile Exchange en 1976, ou le marché de l’huile de palme à Kuala Lumpur en 1983, etc. Les scandales financiers qui ont été enregistrés ont permis, dans tous les cas, d’améliorer les conditions de fonctionnement et les modalités de contrôles de ces marchés. Pendant très longtemps, les transactions à terme étaient réservées à certains produits agricoles comme le soja, le maïs, le blé, etc., et à quelques matières premières industrielles: le cuivre, le plomb, le zinc, etc. Depuis la création de marchés sur les carcasses de porc, les bœufs vivants, le contreplaqué, le jus d’orange, etc., il est désormais admis que de très nombreux produits peuvent être négociés à terme. C’est entre 1960 et 1965 que s’est opéré le renouveau des marchés de marchandises.

Pour le blé, le maïs, l’avoine et le soja, la référence mondiale est le marché du Chicago Board of Trade, le C.B.O.T. Les grands marchés à terme de la viande sont localisés au Chicago Mercantile Exchange (C.M.E.). Le sucre roux est négocié au New York Coffee Sugar and Cocoa Exchange (N.Y.C.S.C.E.) et, de façon marginale, à Hong Kong, le sucre blanc à Paris. Les deux marchés de café localisés à New York et à Londres négocient respectivement de l’arabica et du robusta. Il existe un seul marché à terme portant sur les jus de fruits congelés, à New York. Le coton est également négocié à New York, le bois à Chicago, la laine à Sydney. Le London Metal Exchange est la bourse la plus diversifiée et la plus importante, traditionnellement, pour les métaux non ferreux comme le cuivre, le plomb, l’étain, le zinc, l’aluminium et le nickel. Le centre mondial des transactions sur l’or est localisé au New York Commodity Exchange, et les marchés à terme pétroliers se débouclent au New York Mercantile Exchange.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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